Sauver le théâtre contemporain, selon Eric-Emmanuel Schmidt

A propos du théâtre

- Les écrivains de théâtre sont une espèce en voie de disparition, parce que, depuis trente ans, on a assisté au règne des metteurs en scène qui préfèrent jouer des auteurs morts pour ne pas avoir de concurrence dans le succès. Etienne de Montety Le Figaro - 1998 - L'auteur surdoué du théâtre d'aujourd'hui

 

« Le théâtre, d'emblée, affirme une complexité et résiste aux simplifications de la raison tandis que la philosophie veut épuiser le réel en voulant le rendre simple. Bref la philosophie est univoque alors que la littérature est plurivoque.

Pour moi, la philosophie n'est pas une finalité. C'est un instrument pour raconter la vie. Je ne veux pas limiter l'esprit à la pure raison. C'est souvent là l'erreur de l'intellectuel philosophe. La vie de notre esprit passe aussi par l'imagination, le cœur, le sentiment, les valeurs... La rationalité n'en est qu'un petit pas »

Copyright photos G. Carreño

« Nous venons de vivre quarante superbes années de théâtre dont l'intérêt principal était la mise en scène. Cela a quelque peu occulté les auteurs. Comment mieux montrer son travail de metteur en scène qu'en reprenant un Molière ou un Shakespeare et en y apportant sa signature ? Une culture narcissique de la mise en scène s'est ainsi développée. Je dirais même un maniérisme théâtral. Les gens signent leur version de Tartuffe ou d'Hamlet. C'est intéressant, mais c'est aussi décadent. Le sang neuf ne peut venir que des interprètes ou des auteurs. Or ce sont les metteurs en scène qui tiennent les institutions, excepté Jean-Michel Ribes que j'ai soutenu dans son désir de diriger le Théâtre du Rond-Point. S'ils ont le sens de leur mission, les metteurs en scène doivent créer des auteurs dramatiques vivants. Nous sommes là »

Propos recueillis par Rodolphe Fouano, Les Cahiers de la Maison Jean Vilar, n°103, novembre 2007

 

 

' Ecrire, c’est une fatalité. C’est un marathon à la vitesse du sprint. Souvent, je fais semblant de vivre. Ecrire, c’est être hors de la vie, même s’il faut que toute la vie passe dans l’encre… »

Propos recueillis par Armelle Héliot, Le Figaro - 2003 - Le garçon qui était d'ailleurs

"Je suis outré des dépenses faites par quelques grands barons du théâtre public, par les sommes dont ils disposent pour organiser la publicité, le marketing et ainsi de suite. Cet argent pourrait être distribué à d’autres compagnies théâtrales. Je ne suis pas contre les subventions, mais la façon de distribuer l’argent pourrait être plus juste. Les gens se sont habitués à voir ces sommes données aux metteurs en scène. Les metteurs en scène ont l’autorité dans tous les théâtres subventionnés. On a créé un ghetto pour tous les auteurs émergeants et la logique du ghetto est de maintenir à l’écart avec des lectures publiques. J’adore le théâtre donc je déteste les lectures.”

Interview dans "Mise en scène : French Theatre Now" de David Bradby et Annie Sparks (Editions Methuen Drama)